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Nos itinéraires de l’été 2025 (3/17). Dans les pas des maîtres

Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669), Junon (détail), vers 1662-1665. Huile sur toile, 127 x 123,8 cm. Los Angeles, The Armand Hammer Collection.

Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669), Junon (détail), vers 1662-1665. Huile sur toile, 127 x 123,8 cm. Los Angeles, The Armand Hammer Collection. Photo service de presse. © Armand Hammer Collection

Véronèse, Duplessis, Soulages… Cet été, partez sur les traces des maîtres anciens, modernes et contemporains à travers une série d’expositions incontournables en France, en Suisse et en Espagne. De Madrid, où le Prado consacre une ambitieuse rétrospective à Véronèse, à Martigny, où la Fondation Gianadda dévoile les trésors du Hammer Museum de Los Angeles, en passant par Carpentras, Tournus ou Montpellier, vos pérégrinations estivales vous feront pousser la porte de l’atelier des plus grands maîtres.

MADRID | Véronèse en majesté au Prado

Plus d’une centaine d’œuvres de maîtres de la Renaissance sont exceptionnellement réunies pour la première grande monographie consacrée à Véronèse en Espagne. Le musée du Prado a vu grand, convoquant aussi Raphaël, le Tintoret, le Greco, et tant d’autres, pour illustrer un XVIe siècle caractérisé par les joutes esthétiques et les polémiques religieuses liées au concile de Trente. Se déploie au fil des sections tout le génie de Véronèse, à travers ses chefs-d’œuvre au faîte de la peinture vénitienne, à l’instar de ce monumental Repas chez Simon le Pharisien.

Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), Le Repas chez Simon le Pharisien, 1556-1560. Huile sur toile, 315 x 451 cm. Turin, musée royal, Galleria Sabauda.

Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), Le Repas chez Simon le Pharisien, 1556-1560. Huile sur toile, 315 x 451 cm. Turin, musée royal, Galleria Sabauda. Photo service de presse. © musée royal de Turin

« Paul Véronèse (1528-1588) », jusqu’au 21 septembre 2025 au musée du Prado, Retiro 28014, Madrid. Tél. 00 34 91 33 02 800. www.museodelprado.es
Catalogue, Museo del Prado, 456 p., 37 €.

TOURNUS | Greuze, de l’amour à la mort

C’est à Tournus que Jean-Baptiste Greuze a vu le jour en 1725. 300 ans plus tard, sa ville s’associe au musée du Louvre pour lui rendre un bel hommage. À l’encre brune, à la sanguine ou à la pierre noire, les scènes de piété filiale et charités romaines, les déchirants « départs », décès de patriarches et jeunes filles vertueuses permettent de retracer toute la palette des émotions explorées par cette « âme délicate et sensible » (Diderot). Outre ces feuilles très appréciées par les collectionneurs depuis le XVIIIe siècle, une salle réunit une sélection de peintures.

Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), Paysanne assise, vue de face. Estompe, lavis gris, pierre noire et sanguine, 44,5 x 31,2 cm. Paris, musée du Louvre.

Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), Paysanne assise, vue de face. Estompe, lavis gris, pierre noire et sanguine, 44,5 x 31,2 cm. Paris, musée du Louvre. Photo service de presse. © Paris, musée du Louvre Rmn-GP (musée du Louvre) Michèle Bellot

« Greuze, une palette d’émotions. Dessins du Louvre et œuvres de Tournus », jusqu’au 21 septembre 2025 à l’Hôtel-Dieu, 21 rue de l’Hôpital, 71700 Tournus. Tél. 03 85 51 23 50. www.tournus.fr
Catalogue, éditions Faton, 80 p., 18 €. À commander sur www.faton.fr

CARPENTRAS | Duplessis, première rétrospective

La bibliothèque-musée de l’Inguimbertine, sise en les murs du très bel Hôtel-Dieu de Carpentras, célèbre les 300 ans de la naissance d’un enfant du pays : Joseph Siffred Duplessis (1725-1802). Une soixantaine d’œuvres prêtées par de prestigieuses institutions (Metropolitan Museum de New York, musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa, musée du Louvre…), associées à la collection de l’Inguimbertine, premier fonds public sur l’artiste avec plus de vingt tableaux et dessins, composent un superbe panorama de l’art de ce portraitiste officiel de Louis XVI.

Joseph Siffred Duplessis (1725-1802) et atelier, Louis XVI en grand habit royal, vers 1777. Huile sur toile, 297 x 197 cm. Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Joseph Siffred Duplessis (1725-1802) et atelier, Louis XVI en grand habit royal, vers 1777. Huile sur toile, 297 x 197 cm. Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris. Photo CC0 Paris musée / musée Carnavalet – Histoire de Paris

« Duplessis (1725-1802). L’art de peindre la vie », jusqu’au 28 septembre 2025 à la Bibliothèque-musée l’Inguimbertine, Hôtel-Dieu, 180 place Aristide Briand, 84200 Carpentras. Tél. 04 90 63 04 92. www.inguimbertine.carpentras.fr
Catalogue, coédition Ingimbertine / Lienart, 224 p., 35 €.

GRASSE | La dynastie Fragonard

Le Louvre a prêté au musée international de la parfumerie une soixantaine de dessins permettant d’approcher au plus près l’œuvre de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) et de mesurer son influence déterminante sur les arts décoratifs. Celui que les frères Goncourt qualifiaient d’« amoroso galant, païen et badin » se dévoile au gré de travaux de jeunesse, autoportraits, études et ébauches d’illustrations. Mais l’exposition convie aussi à ses côtés son fils Alexandre-Évariste, sa belle-sœur la talentueuse Marguerite Gérard, et son épouse la miniaturiste Marie-Anne Fragonard.

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Ma Chemise brûle, recto, 1769-1770. Lavis brun sur tracé à la pierre noire sur papier vergé, 24,4 x 37,1 cm. Paris, musée du Louvre.

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Ma Chemise brûle, recto, 1769-1770. Lavis brun sur tracé à la pierre noire sur papier vergé, 24,4 x 37,1 cm. Paris, musée du Louvre. Photo service de presse. © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Michel Urtado

« Les Traits du Génie, dessins du Louvre par Jean-Honoré Fragonard, Alexandre-Évariste Fragonard et Marguerite Gérard », jusqu’au 26 octobre 2025 au musée international de la parfumerie, 2 boulevard du Jeu de Ballon, 06130 Grasse. Tél. 04 97 05 58 11. www.museesdegrasse.com
Catalogue, Silvana Editoriale, 240 p., 29 €.

PARIS | Entre France et Suède avec Desprez

« Il n’y a que deux personnes en Suède qui ont de l’imagination, Desprez et moi », disait le roi Gustave III au sujet du Français Louis-Jean Desprez (1743-1804), peintre, architecte et graveur de génie qu’il invita à sa cour pour en faire le décorateur de son théâtre royal. Avec le soutien de la Fondation Jacob Wallenberg, l’Institut suédois célèbre cette figure des relations artistiques entre la France et la Suède au Siècle des Lumières, en parallèle du nouvel accrochage de sa collection permanente, donnant enfin toute leur place à des chefs-d’œuvre indument ignorés du XVIIIe siècle.

Louis-Jean Desprez (1743-1804), Décor pour La Reine Christien, acte III, 1785.

Louis-Jean Desprez (1743-1804), Décor pour La Reine Christien, acte III, 1785. Photo service de presse. © Photo Cecilia Heisser / Nationalmuseum

« Louis-Jean Desprez : Entre-mondes », jusqu’au 26 octobre 2025 à l’Institut suédois, 11 rue Payenne, 75003 Paris. Tél. 01 44 78 80 20. www.institutsuedois.fr

BRIOUDE | L’art brut de Dubuffet

Le Doyenné de Brioude dévoile les trésors de la Fondation Dubuffet, explorant en cinquante peintures et sculptures la vision géniale du théoricien de l’art brut. Les créations et archives personnelles de Jean Dubuffet (1901-1985) retracent une carrière iconoclaste et racontent « ce que peut être la peinture qui doit naître de l’esprit et non du regard », selon le mot du commissaire de l’exposition, Jean-Louis Prat : un œuvre graphique en perpétuel mouvement, soutenu par une abondante production littéraire au travers de ses écrits, de ses livres illustrés et de sa riche correspondance.

Jean Dubuffet (1901-1985), Personnage pour Washington Parade, 1973. Époxy peint au polyuréthane, 209 x 141 x 55 cm. Paris, Fondation Dubuffet.

Jean Dubuffet (1901-1985), Personnage pour Washington Parade, 1973. Époxy peint au polyuréthane, 209 x 141 x 55 cm. Paris, Fondation Dubuffet. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025

« Jean Dubuffet. Le défi au quotidien », jusqu’au 2 novembre 2025 au Doyenné, Espace d’art moderne et contemporain, place Lafayette, 43100 Brioude. Tél. 04 71 74 51 34. www.ledoyenne-brioude.fr

MARTIGNY | Armand Hammer, collectionneur de maîtres

Après Francis Bacon en début d’année, c’est un véritable été californien que propose la Fondation Gianadda en accueillant sur ses cimaises les fleurons de la collection de l’homme d’affaires et philanthrope Armand Hammer (1898-1990). Habituellement conservée au Hammer Museum de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), cette quarantaine de toile réunit un large panel de gloires de la peinture, de Titien à Rembrandt, de Chardin à Fragonard, de Corot à Moreau, de Manet à Van Gogh. On admirera tout particulièrement l’opulente Junon de Rembrandt, parée telle une reine du Siècle d’or néerlandais (voir plus haut), un troublant portrait de Sarah Bernhardt par Alfred Stevens (1823-1906), ou encore une remarquable réunion de peintures et bronzes de Daumier – l’une des plus importantes au monde – témoignant du goût prononcé du collectionneur pour l’art mordant du génial caricaturiste. L’amateur ne pourra s’empêcher de regretter l’absence d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la collection, retenu ailleurs pour d’excellentes raisons : l’éblouissant portrait du docteur Pozzi, immortalisé par John Singer Sargent en robe de chambre rouge, acquis en 1967 par Armand Hammer et actuellement présenté dans l’impeccable exposition que le musée d’Orsay consacre aux années parisiennes de l’artiste.

Gustave Moreau (1826-1898), Le Roi David, 1878. Huile sur toile, 230,2 x 137.9 cm. Los Angeles, The Armand Hammer Collection.

Gustave Moreau (1826-1898), Le Roi David, 1878. Huile sur toile, 230,2 x 137.9 cm. Los Angeles, The Armand Hammer Collection. Photo service de presse. © Armand Hammer Collection

« De Rembrandt à Van Gogh. Collection Armand Hammer, Los Angeles », jusqu’au 2 décembre 2025 à la Fondation Pierre Gianadda, Rue du Forum 59, 1920 Martigny. Tél. 0041 (0) 27 722 39 78. www.gianadda.ch
Catalogue, Fondation Pierre Gianadda, 137 p., CHF 35.

AMIENS | Maignan, le peintre et l’érudit

Albert Maignan (1845-1908) était-il un simple peintre académique, sensible aux honneurs et aux décorations ? Cette rétrospective restitue, avec 350 œuvres en partie restaurées pour l’occasion, le génie et les expérimentations de ce grand nom de la peinture d’histoire qui légua notamment son fonds d’atelier au musée de Picardie. Collectionneur avisé d’objets de l’Antiquité et du Moyen Âge, passionné d’archéologie, cet artiste complet a su puiser ses inspirations aussi bien du côté du symbolisme que de l’impressionnisme ou du naturalisme.

Albert Maignan (1845-1908), Jupiter et Sémélé (esquisse aboutie), 1896. Plume et encre noire, aquarelle sur papier, 70 x 48,5 cm. Amiens, musée de Picardie.

Albert Maignan (1845-1908), Jupiter et Sémélé (esquisse aboutie), 1896. Plume et encre noire, aquarelle sur papier, 70 x 48,5 cm. Amiens, musée de Picardie. Photo service de presse. © Photo Michel Bourguet – musée de Picardie

« Albert Maignan (1845-1908). Un virtuose à la Belle Époque », jusqu’au 4 janvier 2026 au musée de Picardie, 2 rue Puvis de Chavannes, 80000 Amiens. Tél. 03 22 97 14 00. www.museedepicardie.fr

MONTPELLIER | Soulages en dialogue(s)

Le musée Fabre était cher à Pierre Soulages (1919-2022) : « Ici, disait-il en 1996, non seulement le reflet est pris en compte, mais il est partie intégrante de l’œuvre : il y intègre la lumière que reçoit la peinture ». Vingt ans après la donation historique de l’artiste à l’institution montpelliéraine, sont exceptionnellement réunies une centaine d’œuvres du « maître du noir ». Soulages dialogue avec d’insignes artistes de diverses époques (Rembrandt, Cézanne, Mondrian, Zao Wou-Ki, Pierrette Bloch…) l’ayant inspiré, ou dont la rencontre a pu impacter ses ambitions créatrices.

Michel Dieuzaide (né en 1951), Pierre et Colette Soulages dans l’atelier de la rue Saint-Victor, 1988. Tirage original noir et blanc sur papier baryté, 18 x 24 cm. Rodez, musée Soulages.

Michel Dieuzaide (né en 1951), Pierre et Colette Soulages dans l’atelier de la rue Saint-Victor, 1988. Tirage original noir et blanc sur papier baryté, 18 x 24 cm. Rodez, musée Soulages. Photo service de presse. © Michel Dieuzaide / musée Soulages, Rodez / Thierry Estadie © Adagp, Paris, 2025

« Pierre Soulages. La Rencontre », jusqu’au 4 janvier 2026 au musée Fabre, 39 boulevard Bonne Nouvelle, 34000 Montpellier. Tél. 04 67 14 83 00. www.museefabre.fr
Catalogue, éditions Snoeck, 272 p., 39 €.