La Tour, Wautier, David, Sargent, Halonen, Soulages : quels sont les 10 artistes incontournables de l’automne ?

Georges de La Tour (1593-1652), Le Nouveau-Né, vers 1645. Huile sur toile, 76,7 x 95,5 cm. Rennes, musée des Beaux-Arts. Photo service de presse. © Rennes, musée des Beaux-Arts
Du clair-obscur de La Tour aux noirs de Soulages, des lumineuses couleurs de Beato Angelico aux perles scintillantes d’Othoniel, la rédaction a sélectionné pour vous les dix artistes qui vont ensoleiller votre automne.
Beato Angelico enchante Florence
« Il n’était pas un artiste de la Renaissance au sens plein du terme : ses fonds d’or, ses géométries hiératiques et son utilisation de la couleur comme vibration spirituelle le situent entre la tradition gothique tardive et les nouvelles tendances humanistes, et pourtant il était déjà au-delà », analyse Ludovica Sebregondi, commissaire de l’exposition « Beato Angelico ». Pour cette première monographie depuis soixante-dix ans, les œuvres du moine-peintre investissent, au centre-ville de Florence, le Palazzo Strozzi et le Museo di San Marco, qui conserve la plus grande collection au monde d’œuvres de l’artiste. Riche de 140 peintures, miniatures, sculptures et dessins, incluant des prêts insignes de musées étrangers, elle dévoile non seulement la magnifique production de Beato Angelico, dont le traitement de la lumière était révolutionnaire, mais aussi son influence sur d’autres artistes du XVe siècle, de Ghiberti à Lorenzo Monaco et Filippo Lippi. Un temps fort à ne pas manquer : l’enthousiasmante recomposition de sept grands retables, dont les fragments sont ordinairement dispersés aux quatre coins du monde.

Vue de l’exposition « Beato Angelico », au Palazzo Strozzi et au Museo di San Marco, à Florence. Photo service de presse. © Ela Bialkowska, OKNO Studio
« Beato Angelico », jusqu’au 25 janvier 2026 au Palazzo Strozzi, Piazza Strozzi, et au Museo di San Marco, Piazza San Marco 3, Florence (Italie). www.palazzostrozzi.org et museitoscana.cultura.gov.it
Georges de La Tour illumine le musée Jacquemart-André
« L’exhumation d’un génie oublié est toujours un phénomène passionnant, mais ce qui fait de tels artistes des héros, c’est qu’ils « parlent » à un public moderne : nul besoin d’érudition, de formation classique, ni de connaissances en histoire, en théologie ou en rhétorique », écrit Gail Feigenbaum, commissaire de l’exposition, dans le catalogue. Ce public peut admirer, au musée Jacquemart-André, la réunion exceptionnelle de vingt-trois tableaux sur les quelque quarante peints par Georges de La Tour (1593-1652). L’ambition de l’exposition est moins de livrer une vision exhaustive de la carrière du maître lorrain, comme le fit la grande rétrospective orchestrée au Grand Palais en 1997-1998, que d’en donner à voir un pan : celui du clair-obscur et de l’héritage caravagesque, grâce à la réunion de quelques-uns de ses chefs-d’œuvre et à l’évocation de son entourage. La Madeleine pénitente (National Gallery de Washington), Le Souffleur à la pipe (Tokyo Fuji Art Museum), les Larmes de saint Pierre (Cleveland Museum of Art) et le merveilleux Nouveau-Né (musée des Beaux-Arts de Rennes) valent à eux seuls la visite.

Georges de La Tour (1593-1652), Le Souffleur à la pipe, 1646. Huile sur toile, 70,8x 61,5 cm. Tokyo, Tokyo Fuji Art Museum. Photo service de presse. © Tokyo Fuji Art Museum Image Archives / DNPartcom
« Georges de La Tour. Entre ombre et lumière », jusqu’au 25 janvier 2026 au musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris. www.musee-jacquemart-andre.com
À Vienne, Michaelina Wautier face à l’Histoire
« Nous n’avons pratiquement aucune donnée biographique, aucun document, aucune lettre, mais nous avons ses peintures. Cela suffit pour révéler l’une des artistes féminines les plus remarquables de l’époque », s’enthousiasme Gerlinde Gruber, commissaire de l’importante rétrospective que le Kunsthistorisches Museum de Vienne offre à Michaelina Wautier (vers 1614-1689). Réunissant 80 œuvres, dont 29 peintures et un dessin signé, elle propose la plus complète exposition jamais consacrée à cette grande dame du baroque flamand, sept ans après celle qui, en 2018 à Anvers, l’avait fait sortir de l’ombre. Soucieuse de ne pas se cantonner à la peinture de fleurs, maigre apanage des femmes peintres de l’époque, elle se confronte avec talent à la peinture d’histoire, comme en témoigne son monumental Triomphe de Bacchus, qui par ses dimensions et son sujet fut longtemps attribué à une main masculine ! À ses côtés, on ne manquera pas d’admirer, présenté complet pour la toute première fois en Europe depuis sa création, l’un de ses chefs-d’œuvre : son célèbre cycle des Cinq Sens.

Michaelina Wautier (vers 1614-1689), Le Triomphe de Bacchus, vers 1655-1659. Huile sur toile, 271,5 x 355,5 cm. Vienne, Kunsthistorisches Museum. Photo service de presse. © KHM-Museumsverband
« Michaelina Wautier, peintre », jusqu’au 22 février 2026 au Kunsthistorisches Museum, Maria-Theresien-Platz, 1010 Vienne (Autriche). www.khm.at
Jacques-Louis David en majesté au Louvre
« Il était important de tenter de reconstituer sa trajectoire, ses choix à la lumière des enjeux, de l’énergie, des contradictions de l’époque qui fut la sienne », explique Sébastien Allard, commissaire de l’exposition, aux Dossiers de l’Art. Trente-six ans après la monumentale monographie qu’il lui consacrait dans le cadre du bicentenaire de la Révolution, le musée du Louvre rend un hommage de choix à Jacques-Louis David (1748-1825) à l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance, évoquant l’ensemble de son parcours, dont son engagement politique, et proposant de réviser notre regard sur sa peinture. De La Mort de Marat au Serment du Jeu de Paume, à Bonaparte franchissant les Alpes et à ses portraits, ses chefs-d’œuvre, véritables icônes des périodes révolutionnaire et post-révolutionnaire, sont réunis grâce à des prêts exceptionnels.

Jacques-Louis David (1748-1825), Le Serment des Horaces, signé et daté 1784. Huile sur toile, 330 x 425 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © RMN (musée du Louvre) – M. Urtado
« Jacques-Louis David », jusqu’au 26 janvier 2026 au musée du Louvre, 75001 Paris. www.louvre.fr
À lire : Dossiers de l’Art n° 332, 80 p., 11 €.
Anton Raphael Mengs de retour à Madrid
« La beauté est la perfection rendue agréable à la raison par l’intelligence », notait le peintre Anton Raphael Mengs (1728-1779) dans ses écrits sur l’art. Bien représenté dans les collections du musée du Prado et du Patrimonio Nacional, l’artiste, né en Bohème et mort à Rome, où il fit l’essentiel de sa carrière, fait l’objet d’une rétrospective inédite à Madrid. Mengs séjourna à deux reprises dans la capitale espagnole, appelé par Charles III pour décorer le palais royal et y officier comme portraitiste de la cour. Ce proche de Winckelmann se passionnait pour l’Antiquité – au point d’avoir réalisé un plagiat si parfait d’une fresque pompéienne que son ami la tint pour authentique – et admirait l’œuvre de Raphaël et de Corrège. En réunissant aquarelles, pastels, dessins, huiles, sculptures, médailles, manuscrits, et même une fresque romaine, Jupiter et Ganymède (Palazzo Barberini), l’exposition madrilène témoigne de l’étendue de ses talents et de la variété de ses créations.

Anton Raphael Mengs (1728-1779), Autoportrait, 1761-1769. Huile sur panneau, 63 x 50 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado. Photo service de presse. © Museo Nacional del Prado, Madrid
« Anton Raphael Mengs (1728-1779) », du 25 novembre 2025 au 1er mars 2026 au musée du Prado, Paseo del Prado, Madrid (Espagne). www.museodelprado.es
Sargent, un virtuose au musée d’Orsay
« Sargent a construit sa personnalité artistique au milieu des différentes tendances de l’art français de cette époque : accent mis sur la virtuosité technique et le travail de la matière ; enthousiasme pour les maîtres du XVIIe siècle et notamment Velázquez ; réalisme et modernité des sujets tirés de la vie quotidienne ou des voyages ; développement de la peinture claire et influence déterminante du plein air des impressionnistes. » Ainsi Paul Perrin, commissaire de l’exposition, résume-t-il le « style Sargent » dans les Dossiers de l’Art. Le peintre américain vécut dix années à Paris, de 1874 à 1884, décennie que le musée d’Orsay met remarquablement en lumière. Sargent y aiguise son talent de portraitiste mondain, s’essaie au paysage et à la scène de genre et devient un peintre recherché, avant de traverser la Manche et de s’établir durablement à Londres. Cette rétrospective, longtemps attendue, ne vous décevra pas : elle révèle avec force l’étendue des talents du peintre et son éblouissante maîtrise technique.

Vue de l'exposition « John Singer Sargent. Éblouir Paris » au musée d'Orsay. Photo service de presse. © Musée d’Orsay / L. Striffling
« John Singer Sargent. Éblouir Paris », jusqu’au 11 janvier 2026 au musée d’Orsay, esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. www.musee-orsay.fr
À lire : Dossiers de l’Art n°331, 80 p., 11 €.
Pekka Halonen, un air de Finlande au Petit Palais
« J’ai souvent pensé que j’avais le Louvre ou les plus grands trésors du monde à ma porte. Il me suffit de me rendre dans la forêt pour voir les plus merveilleuses des peintures – et je n’ai besoin de rien d’autre » : la nature offrait à Pekka Halonen (1865-1933) l’inspiration qu’il recherchait et qu’il magnifia, faisant de ses œuvres des manifestes pour l’indépendance de son pays – finalement proclamée en 1917. Il s’imprégna également de l’art de son temps, séjournant à plusieurs reprises à Paris, où il devint l’élève de Gauguin, et visitant l’Italie. Comme celles de son ami Akseli Gallen-Kallela, ses toiles représentent les paysages enneigés et les lacs de Finlande et mettent en scène les mythes, légendes et traditions des régions rurales. En parallèle de la remarquable rétrospective Greuze, le Petit Palais, poursuivant sa passionnante exploration de l’art des pays nordiques, expose 130 de ses œuvres, exceptionnellement prêtées par des musées et collections particulières, essentiellement finlandais. Temps fort de l’exposition : la saisissante reconstitution du vaste atelier aux murs de pin rouge de Pekka Halonen et l’ultime salle du parcours, véritable « symphonie en blanc majeur » déployant une vingtaine de ses toiles enneigées.

Pekka Halonen (1865-1933), Couleurs d’automne, 1911. Huile sur toile, 54 x 40 cm. Collection particulière. Photo service de presse. © Sonja Hyytiäinen
« Pekka Halonen. Un hymne à la Finlande », jusqu’au 22 février 2026 au Petit Palais – musée des Beaux-Arts de la ville de Paris, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. www.petitpalais.paris.fr
Jean-Michel Othoniel scintille en Avignon
« Dans l’espace public, il ne s’agit plus de capter l’attention d’un regard préparé, mais de surprendre, de provoquer une rencontre. Une apparition presque magique, gratuite, offerte à tous », confie Jean-Michel Othoniel (né en 1964) aux Dossiers de l’art. Dans le centre-ville d’Avignon, l’artiste a créé, en dix lieux différents, une constellation d’œuvres dont le cœur se trouve au palais des Papes. Là sont rassemblées 130 des 260 œuvres qu’il a choisies, dont de nombreuses révélations, à l’image des 60 peintures à l’encre accrochées dans le Grand Tinel, jamais exposées en France, et de nouvelles créations, telle la Rivière bleue installée dans la Grande Chapelle. La fantaisie de l’artiste, connu pour ses perles de verre mais qui manie également l’acier ou l’inox, se déploie aussi dans le tout nouveau musée des Bains Pommer, la Collection Lambert, le musée lapidaire, sur le célèbre pont Saint-Bénézet… comme autant de petits cailloux montrant le chemin de la poésie.

Jean-Michel Othoniel (né en 1964), Les Cosmos et la Rivière bleue, composée de 7 500 briques de verre, installés dans la Grande Chapelle du Palais des Papes, en Avignon. Photo service de presse. © ADAGP, Paris, 2025 / photo E. Nove-Josserand / Avignon Tourisme
« Othoniel. Cosmos ou les fantômes de l’amour », jusqu’au 4 janvier 2026 dans dix lieux du centre-ville d’Avignon. www.othoniel-cosmos.com
À voir également : « Jean-Michel Othoniel. Poussière d’étoiles » jusqu’au 4 janvier 2026 au Centre d’art contemporain La Malmaison, 47 boulevard de la Croisette, 06400 Cannes. www.cannes.com
Hommage à Soulages au musée Fabre
« La peinture est avant tout une expérience poétique. C’est une métaphore ; elle ne se laisse pas expliquer, elle ne se laisse même pas entamer par l’explication : sur elle viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête. C’est pourquoi l’art provoque, inquiète, et exalte, comme la vie », commentait Pierre Soulages. Le peintre, disparu en 2022 à l’âge de 102 ans, était très attaché au musée Fabre, destinataire d’un don de vingt toiles et d’un dépôt de dix autres. L’hommage que lui rend le musée montpelliérain est à la hauteur du monument national qu’il était devenu, riche et captivant. Après un prologue montrant trois œuvres récentes, l’exposition retrace l’ensemble de sa carrière, insistant sur la variété des techniques employées, voire mises au point par l’artiste lui-même, Soulages ayant sans cesse renouvelé sa façon de « faire vivre l’alternance des clairs et des sombres, des lumières et des silences ». L’on y découvre des pas de côté – une toile blanche, réalisée en 2012 et qui ne le satisfit pas, une autre dans laquelle apparaît, au milieu des noirs, la silhouette d’une bougie – et les tableaux des peintres qu’il admira ou fréquenta, de Van Gogh à Pierrette Bloch, avant de s’immerger, comme un bouquet final, dans l’espace pictural des grands formats.

Pierre Soulages (1919-2022), Peinture 162 x 114 cm, 27 août 1958, 1958. Huile sur toile, 162 x 114 cm. Rodez, musée Soulages. Photo service de presse. © ADAGP, Paris, 2025 / Musée Soulages, Rodez / Vincent Cunillère
« Pierre Soulages. La rencontre », jusqu’au 4 janvier 2026 au musée Fabre, 39 boulevard Bonne Nouvelle, 34000 Montpellier. www.museefabre.fr
À voir également : « Soulages, une autre lumière. Peintures sur papier », jusqu’au 11 janvier 2026 au musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris. museeduluxembourg.fr
Gerhard Richter investit la Fondation Vuitton
« La photo est l’image la plus parfaite qui existe ; elle ne change pas, elle est absolue, donc indépendante, inconditionnelle, sans style. C’est la raison pour laquelle elle a pour moi valeur de modèle par la manière dont elle relate et par ce qu’elle relate », notait Gerhard Richter (né en 1932) en 1964. Près de soixante ans plus tard, ses peintures, sculptures en acier et en verre, dessins au crayon et à l’encre, aquarelles et photographies peintes sont réunis à la Fondation Louis Vuitton, dans une rétrospective sans équivalent. Profondément attaché à la peinture, l’artiste en a exploré les techniques et les genres au fil de sa longue carrière, réalisant des œuvres abstraites ou s’inspirant du réel par le prisme de la photographie ou du dessin. Avec 270 œuvres de 1962 à 2024, il s’agit incontestablement de l’une des monographies incontournables de l’automne.
![Gerhard Richter (né en 1932), Möhre [Carotte], 1984 (CR 558-2). Huile sur toile, 200 x 160 cm. Paris, Fondation Louis Vuitton.](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2025/11/preview__gerhard-richter-carotte-exposition-fondation-louis-vuitton-paris-2025.jpg)
Gerhard Richter (né en 1932), Möhre [Carotte], 1984 (CR 558-2). Huile sur toile, 200 x 160 cm. Paris, Fondation Louis Vuitton. Photo service de presse. © Gerhard Richter 2025 (18102025)
« Gerhard Richter », jusqu’au 2 mars 2026 à la Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris. www.fondationlouisvuitton.fr





