Alors que Paris accueillera les Jeux olympiques et paralympiques à l’été 2024, de nombreux musées ont décidé de se faire l’écho de cet événement historique en organisant des expositions qui explorent les liens riches et nombreux entre art et sport. Les âmes moins sportives se consoleront avec notre sélection d’expositions incontournables dans tous les autres domaines à découvrir cette année.
Les musées de la Ville de Paris célèbrent les J.O.
À l’occasion des Jeux olympiques, le réseau Paris Musées propose des parcours spécifiques déployés dans les collections permanentes. Le musée de la Libération de Paris met en lumière des sportifs de renom – souvent méconnus aujourd’hui – qui se sont engagés dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale (16 janvier-18 août 2024). Le musée Carnavalet présente une centaine d’œuvres en lien avec le sport et les Jeux de 1924 (30 avril-31 octobre 2024). Le Petit Palais insiste quant à lui sur le corps en mouvement célébré par les artistes de l’Antiquité au XXe siècle (15 mai-17 novembre 2024). Le musée Zadkine s’intéresse plus particulièrement à la lutte, un thème cher au sculpteur (10 mai-6 octobre 2024), tandis que la Maison de Victor Hugo revient sur la pratique de l’escrime au sein de la famille de l’écrivain (30 avril-8 septembre 2024).
Programme détaillé sur www.parismusees.paris.fr
Le vêtement de sport sous toutes ses coutures
À travers un parcours chronologique, le Musée des Arts Décoratifs et le palais Galliera s’intéressent tous deux au vêtement de sport. Le développement des pratiques sportives a en effet entraîné une évolution de ce type de tenue – dans laquelle le confort le dispute de plus en plus à l’élégance – mais aussi des changements sociétaux. Ainsi, la libération du corps à travers l’activité physique – le cyclisme et la natation notamment – a permis de faire évoluer les mentalités et les canons de beauté, alors même que le courant hygiéniste promeut le sport au service de la santé. De même, le vêtement de sport dépasse aujourd’hui largement le cadre strict de la pratique sportive ; en témoigne l’introduction du sportswear sur les podiums de haute couture et dans notre quotidien dès l’entre-deux- guerres, jusqu’à devenir aujourd’hui une évidence, à l’image de l’incontournable basket.
« Mode et sport, d’un podium à l’autre », jusqu’au 7 avril 2024 au Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. 01 44 55 57 50. www.madparis.fr
Catalogue, Les Arts Décoratifs, 244 p., 49 €.
« La mode en mouvement », jusqu’au 7 septembre 2025 au palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie, 75016 Paris. Tél. 01 56 52 86 00. www.palaisgalliera.paris.fr
Le sport, un phénomène culturel
D’abord d’origine aristocratique ou bourgeoise, de nombreuses activités sportives – tennis, escrime, hippisme, régates – émergent sous le Second Empire. Mêlant nature et modernité, elles deviennent de fait un sujet récurrent chez les impressionnistes. Au tournant du XXe siècle, le sport se démocratise peu à peu chez les classes laborieuses grâce à l’émergence d’un temps libre dédié aux loisirs, gagné sur le temps de travail. La création des Jeux olympiques par Pierre de Coubertin en 1896 ajoute par ailleurs une dimension politique à la pratique sportive : il est désormais question d’émulation entre les nations, au point que le sportif d’aujourd’hui, adulé, s’est transformé en héros moderne. Ainsi, loin de n’être qu’un motif pour des peintres avides de modernité, le sport reflète les changements sociétaux des années 1870-1930. L’exposition du musée Marmottan a reçu le label « Olympiade culturelle » de la part du Comité d’organisation de Paris 2024.
« En jeu ! Les artistes et le sport 1870-1930 », du 4 avril au 1er septembre 2024 au musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, 75016 Paris. Tél. 01 44 96 50 33. www.marmottan.fr
Sport et design, une histoire d’avenir
Du Discobole grec au super-athlète d’aujourd’hui, l’exposition du musée du Luxembourg explore les liens entre le sport et le design. Les designers mettent en effet leur savoir-faire au service des sportifs et de leur quête permanente de performance. Ils travaillent pour cela sur les matériaux, l’ergonomie et l’esthétique des équipements qu’ils conçoivent. Le parcours met en lumière des enjeux contemporains fondamentaux – les impératifs environnementaux, le dopage technologique, etc. – qui seront également amenés à jouer un rôle dans le sport de demain.
« Match. Design & sport, une histoire tournée vers le futur », du 13 mars au 11 août 2024 au musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris. Tél. 01 40 13 62 00. www.museeduluxembourg.fr
Le cheval à l’honneur
Le musée Cernuschi met en lumière la place fondamentale du cheval dans la Chine ancienne (1er juin-30 septembre 2024). De la dynastie Han, née au IIIe siècle avant J.-C., à celle des Tang, qui s’empare du pouvoir au VIIe siècle de notre ère, le cheval est considéré comme un outil indispensable à la maîtrise de cet immense territoire que constitue « l’empire céleste ». Au-delà du monde militaire, l’art équestre est également présent dans tous les aspects de la vie sociale, au point de devenir un sujet privilégié pour les artistes. À l’occasion des Jeux olympiques, le château de Versailles accueillera les épreuves équestres, ainsi qu’une grande exposition consacrée au cheval et à la civilisation équestre dans la culture occidentale (2 juillet-3 novembre 2024). Le propos s’articulera autour de trois grands axes : le cheval comme outil, le cheval comme instrument et symbole de pouvoir et enfin le cheval comme divertissement. Le musée vivant du Cheval de Chantilly propose un sujet original : le polo, pourtant absent du programme olympique. Introduit en 1900, ce sport équestre devient très vite le sport favori des Argentins, sacrés champions olympiques en 1924 et 1936 et toujours tenants du titre aujourd’hui, le polo ayant depuis disparu de la programmation. Cette exposition (à partir du 24 juillet 2024) sera l’occasion de présenter au public de nouvelles acquisitions et de sortir des œuvres des réserves.
Et aussi…
À partir des Lutteurs de Courbet (1853), le musée d’Ornans s’intéresse à la figure du lutteur qui, en raison de sa professionnalisation au XIXe siècle, passe du phénomène de foire au statut de canon physique et artistique (1er juin-13 octobre 2024, www.musee-courbet.fr). Le musée de l’Armée revient sur l’origine de l’escrime à travers une exposition sur le duel, un combat singulier et ritualisé à la symbolique forte, dont les ramifications sont encore sensibles dans notre société actuelle, qu’il s’agisse de politique, de sport ou encore de jeu vidéo (24 avril-18 août 2024, www.musee-armee.fr).
Camille Jolin
Retrouvez la programmation complète des Olympiades culturelles 2024 sur https://olympiade-culturelle.paris2024.org.